Hermann Fol
La vie et l’œuvre de Hermann Fol
Hermann Fol est né à Saint Mandé près de Paris le 23 juillet 1845 de parents Genevois. Marianne, sa mère (née Straub ) décède 6 mois après sa naissance. Son père Etienne Joseph Fol, banquier à Paris meurt lorsque Fol a 18 ans. Fol connaît une enfance maladive. Il suit des études à Paris et à Genève où il a pour enseignants Pictet de la Rive et Edouard Claparède qui l’intéressent à la Science et lui conseillent d’étudier la zoologie avec Gegenbauer et Haeckel à Iéna dès 1864. Pendant l’hiver 1866-67, Fol accompagne Haeckel en voyage d’exploration scientifique aux Iles Canaries. Ils explorent la zoologie de l'île Lanzarote. Fol développe son goût pour la faune marine et pour la navigation. Au retour du voyage grâce au consul Russe de Mogador, Fol et Miclucho-Maclay, un jeune naturaliste russe, accompagnés par une petite troupe de marocains, parcourent le désert du Sahara et l’Atlas puis rejoignent Marrakech et Casablanca.
Fol reprend ses études à Heidelberg en 1867 puis les poursuit à Zurich et Berlin et reçoit le grade de Docteur en Médecine en 1869. Sa thèse sur l’anatomie des cténophores est remarquée pour la qualité des observations et des illustrations.
Hermann Fol s’installe alors dans la propriété familiale à Chougny près de Genève et pendant les hivers 1869-1870 il établit un petit laboratoire particulier à Messine. Il y décrit les appendiculaires du détroit de Messine, dans le sud de l’Italie. Il fait un premier séjour à Villefranche pendant l’hiver 1871. Malgré des ennuis de santé chronique (souffre-t-il d’une hépatite ?), Hermann Fol commence à collecter et étudier la faune planctonique de la côte d’Azur et en particulier celle de la baie de Villefranche dont Karl Vogt, son mentor à Genève, avait vanté l’abondance et la diversité. De retour de voyage il se marie en 1873 avec Emma Bourrit. Fol fonde une famille et sa fille Anne Pruvot-Fol deviendra une spécialiste reconnue des mollusques. Dans les années 1870 Fol partage son temps entre Chougny et les côtes d’Italie et de France. Ses visites à Naples, Roscoff, Villefranche, et surtout Messine sont fructueuses. En 1878, nommé professeur a Genève, il déménage son laboratoire de Messine à Villefranche par bateau! Il a fait d’importantes observations sur la fécondation issues de ses travaux sur l’étoile de mer Astérias. Fol découvre que le noyau de l’œuf dérive de la vésicule germinative. Il décrit l’émission des globules polaires et surtout comprend que le spermatozoïde pénètre dans l’œuf et lui transmet son noyau et une structure étoilée l’aster.
Sous la houlette de Karl Vogt professeur a Genève, Fol occupe la chaire d’embryogénie et de tératologie ce qui lui permet d’initier des travaux sur les embryons de vertébrés. Il passe tous ses hivers à poursuivre ses recherches sur la biologie des organismes marins à Villefranche-sur-Mer dans un petit laboratoire privé, dans sa maison.
Encouragé par le ministère de l’Instruction Publique et des personnages tels que Darwin, Fol et son ami Jules Barrois, embryologiste et professeur à Lille, démarrent un laboratoire de hautes études dans un petit bâtiment du Lazaret de la Darse de Villefranche-sur-Mer. Barrois est nommé directeur et Fol fait don de ses équipements au laboratoire. Barrois et Fol s’installent dans le bâtiment des galériens en 1884 et accueillent de nombreux scientifiques dont Mentchnikoff, Davidoff, Selenka, Agassiz, Korotneff… Fol et Barrois envisagent alors de créer un double laboratoire de Zoologie à Villefranche et d’Océanographie a Nice qui ne verra jamais le jour.
Cette période Villefranchoise est féconde pour Fol qui s’intéresse aux protozoaires marins (Sticholonche) et aux ovocytes et œufs des tuniciers, des échinodermes et des mollusques. A Genève, il poursuit ses travaux d’embryologie réalisant les premières manipulations expérimentales sur les embryons de poulet avec Waryinsky. Il décrit les embryons humains dès 1883. Il commence également à s’intéresser à l’océanographie réalisant des expériences sur la pénétration de la lumière dans la mer.
Fol enseigne et poursuit ses recherches mais il se sent peu à peu évincé par Karl Vogt et son préparateur Emile Yung. Choqué par cette dérive Fol démissionne de l’Université de Genève en 1886 pour se retirer à Villefranche. Fol est officiellement nommé sous directeur du Laboratoire de Villefranche en 1886 mais Alexis Korotneff avec l’appui des autorités évince Fol et Barrois de la direction du laboratoire et établit la Station Zoologique Russe. A cette époque Fol se passionne pour la photographie et fonde la Société de photographie à Genève. Il invente des appareils photo pour étudier les comportements animaux et avec Edouard Sarazin il mesure la pénétration de la lumière dans les lacs et les mers. Fol se consacre aussi à l’étude des microbes et fait une étude de la qualité des eaux pour la Ville de Genève. Il s’intéresse également à la rage. Enfin, il démarre et édite à partir de 1883 un « Recueil zoologique Suisse », le premier périodique de ce genre dans son pays. A la fin des années 1880 Fol tente de créer un laboratoire d’océanographie et un aquarium a Nice mais ses projets n’aboutissant pas, Fol décide d’installer un petit laboratoire privé dans sa maison à Nice et opère à partir de son bateau à vapeur l’Amphiaster. Il plonge en scaphandrier observant les animaux dans leur milieu naturel et les propriétés de pénétration de la lumière. Il se consacre de nouveau à l’étude de la fécondation. Dans son dernier travail publié en 1891 intitulé le « Quadrille des centres » il affirme que l’aster introduit par le spermatozoïde (spermocentre) se combine à un ovocentre pour générer les asters qui président à la division, une idée qui se révélera fausse (les asters dérivent du spermocentre).
Le ministère de l’instruction publique le charge alors d’une mission d’étude zoologique des côtes de Tunisie et de Grèce. Fol acquiert un nouveau Yacht, l’Aster, s’embarque au Havre le 13 mars 1892 avec plusieurs membres d’équipage. Il fait escale à Bénodet puis disparaît en mer. Sa disparition n’a jamais été élucidée malgré les enquêtes qui sont diligentées pour clarifier la rumeur qui veut que son équipage se soit débarrassé de lui.