BASSIN DE RADOUB

BASSIN DE RADOUB

Le bassin de radoub

Le bassin de carénage ou « forme des galères », actuellement appelé « bassin de radoub » a été construit au fond de la darse à partir de 1728. Conçu à l’origine par l’architecte Di Robilant, comme un bassin fermé, le bassin du radoub était un bassin de carénage qui servait à construire et réparer les galères du roi de Sardaigne Victor-Amédée II ; Il fut ensuite relié à la mer et taillé en gradins descendants depuis le centre jusqu’à la sortie pour épouser la forme des galères. La comparaisons des plans antérieurs à sa construction avec ceux postérieurs montre que le bassin a été construit sur un espace gagné sur la mer.

La darse avec la forme des galères en 1748

Ce bassin ouvert à une extrémité, était couvert : cinq arches latérales, parallèles à la forme, soutenaient une toiture abritant le chantier et se terminaient, côté mer, par une façade monumentale. L’arc majeur central, enjambant le bassin, enrichi de marbre en provenance du port de Savone, offrait l’aspect d’une porte monumentale, tandis que deux arches latérales, plus petites, permettaient l’accès par la terre et la fermeture du chantier naval, mettant celui-ci à l’abri des voleurs et des espions et préservant ses secrets.

D’après les recherches faites par Mara de Candido aux archives de Turin, le commandant du port, Fontana, écrit le 3 août 1736 à S.M. le roi de Sardaigne : « Sur ordre de votre Majesté, on a commandé de poursuivre les travaux du bassin pour pouvoir y construire les nouvelles coques de la galère Capitana ». Les travaux furent définitivement terminés en 1737.

Dans cette « forme », longue de 62 m et large de 12, démarra alors une intense activité de construction navale. La première galère fut la « Santa Barbara » dont le lancement et les premiers essais eurent lieu en juillet 1739. Moins d’une semaine après commença la construction de la nouvelle galère « Capitana » à la poupe richement décorée.

Par la suite, le rythme des chantiers resta toujours soutenu, malgré la difficulté de maintenir le bassin à sec. En 1771, le commandant Basso écrivait : « Après des travaux ininterrompus, ce bassin est enfin à sec, mais pour le maintenir dans cet état, vu qu’il s’y trouve, depuis le début, une source très abondante, il faut utiliser trois pompes jour et nuit pour réaliser la construction projetée ». Il envisageait une solution définitive suivant une proposition faite par le contremaître local Giorgioli. Ce dernier envoya à la Cour le projet, accompagné d’une note, pour l’installation « du tuyau prévu pour maintenir les pompes en action de façon permanente, afin d’assécher le canal des galères, où se trouve une arrivée d’eau fort gênante ». Après discussion et après avoir pris l’avis de l’autorité portuaire sur la chance de réussite du projet, on jugea convenable d’expérimenter cet équipement hydraulique, à savoir « le tuyau », récupéré des bâtiments royaux désaffectés, pour résoudre définitivement le problème de son utilisation à sec, en félicitant chaleureusement le contremaître. (1)

Un document inédit, conservé à Rome, nous apprend que la couverture monumentale fut démolie au milieu du XIXe siècle, lorsque s’est développée la navigation à vapeur sur des navires propulsés par des roues à aubes. Un projet de 1851 proposait sa suppression « afin de pouvoir faire entrer des bateaux à vapeur de 120 chevaux environ… sans qu’il faille démonter leurs roues ». Il fut réalisé avant 1853 ; ainsi, le bassin fut dépourvu d’une partie essentielle. (source : Mara de Candido)

Après le rattachement du Comté de Nice à la France,le bassin de radoub, fut occupé par l’escadre française et agrandi en 1888 pour prendre la taille qu’on lui connaît aujourd’hui. Puis délaissé par la marine française, le bassin  de radoub sera mis à la disposition de chantiers navals civils pour la construction et la réparation navale et le port sera aménagé et équipé pour l’accueil des bateaux de plaisance.

(1) : Aucun document n’explique le fonctionnement à cette époque du système de pompage, ni comment le bassin était isolé de la mer de façon étanche. Un document daté de 1893 donne des détails sur la construction d’un batardeau fermant le bassin en 1889.


Plans de la couverture du bassin de radoub (ISCAG-FT), 1850

Dessin  de la couverture du bassin de radoub en 1809 réalisé par  C.A. Lesueur, dessinateur du naturaliste François Péron de passage à Villefranche
Le bassin de radoub vide vers 1900 Photographie ancienne de la porte du bassin
Le bassin de radoub après le départ des allemands en août 1944 Bateau en réparation par le Chantier Voisin dans le bassin de radoub
Bassin de radoub en eau Bateau-porte actuel

Film sur la Darse de Villefranche

Dans le cadre du concours « Mémoire des ports de Méditerranée lancé par la Fédération du Patrimoine Maritime Méditerranéen, l’ASPMV a produit en association avec la Chambre de Commerce et d’Industrie de Nice un film sur la Darse de Villefranche, réalisé par Yann Coatsaliou.

Pour visionner le film   allez sur you_tube en cliquant ici