Les voûtes de la Darse
Vue actuelle sur les voûtes
La typologie de l’édifice est caractéristique des bâtiments destinés à abriter et accueillir à la fois hommes et marchandises
L’édifice monumental qui domine et caractérise le port encore aujourd’hui, avec ses arcades imposantes ou «voûtes», fut construit à partir de 1719 en utilisant principalement la main d’œuvre des forçats. Sa typologie est caractéristique des bâtiments destinés à abriter et accueillir à la fois hommes et marchandises en transit, tout autant vers des destinations à terre que pour des liaisons maritimes, plus fréquentes, comme c’est le rôle d’un port ; mais les «voûtes» de Villefranche sont d’une grande qualité architecturale. Deux longues nefs pouvaient constituer un chantier naval organisé pour un travail à la chaîne, soit parallèlement, soit perpendiculairement à la mer.
vue interne des voûtes vers 1970
tunnel creusé en arrière des voûtes
Les magasins situés en arrière, creusés dans la montagne, d’une profondeur allant jusqu’à 50 mètres, étaient particulièrement adaptés à l’entreposage des mâts des navires ou des rames des galères.
Les documents révèlent que dans la première arcade jaillissait une source d’eau douce alors que la seconde était destinée à une chapelle.
cf. note. et voir Dépliant « fontaine-baptistère «
A partir de 1771, sur la double nef couverte des voûtes fut construite une caserne massive à quatre étages pour loger les soldats du roi de Sardaigne, trop nombreux pour l’espace dont ils disposaient dans la citadelle. Le nom, «Caserne Dubois», qui figurait sur cet édifice, rappelle qu’il a hébergé un bataillon de Chasseurs Alpins à l’époque française. Après la démolition de la caserne, en 1942, Eugène Beaudouin, architecte en chef des Bâtiments publics et Palais nationaux, créa au-dessus des voûtes primitives épargnées, en 1958, un jardin suspendu aujourd’hui entretenu par les bénévoles de l’Association pour la Sauvegarde du Patrimoine Maritime de Villefranche.
Plan du jardin Beaudouin
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DOCUMENTS
Plans des voûtes et de la caserne
Le petit niçois, samedi 18 août 1928Mortel effondrement à la Caserne de VillefrancheUn ouvrier maçon est tué sur le coup, deux autres sont dans un état alarmant, six jeunes soldats sont blessésUn très grave accident qui aurait pu avoir des conséquences plus terribles encore, s’est produit hier après-midi à la caserne du 24e B.C.A., dite Caserne de la Darse, à Villefranche-sur-mer.Voici d’après notre enquête personnelle, en quelles circonstances est survenu l’accident :La Caserne de la Darse, du 24e Bataillon de Chasseurs Alpins, fait face au magnifique panorama que l’on découvre des quais de Villefranche ; elle est vieille. Il y a quelque temps, l’adjudant de casernement Bourgoin remarquait que le plancher carrelé d’une vaste salle en soupente du dernier étage de la caserne s’affaissait par endroits.L’adjudant Bourgoin n’avait pas qualité pour faire effectuer la réparation ; il ne lui incombe que la responsabilité des opérations de moindre importance telle que le crépissage. Il avisa donc M. Corbini, le casernier, qui est un civil délégué par les Services du Génie militaire, et le capitaine Ricci, représentant ces mêmes services.Les travaux reconnus urgents furent mis en adjudication, et ce fut l’Entreprise Fouchachon, 29, rue Barla, qui devint adjudicataire.Les réparations devaient commencer hier à 1 h 30. A 1 h 50 se produisait la catastrophe.L’effondrementActuellement la Caserne de la Darse connait le calme et la quiétude, nous sommes à l’époque des manœuvres. Les troupes sont parties et il ne reste au quartier, avec les soldats chargés d’un emploi, qu’une compagnie hors-rang. C’est à cette circonstance que l’on doit ne pas enregistrer un plus grand nombre de victimes.Pour comprendre de quelle façon s’est produit l’accident, il est nécessaire que nous donnions succinctement la topographie des lieux.Si l’on faisait une coupe verticale de la partie gauche de la caserne, celle qui est du côté des écuries, on aurait l’impression d’être devant une ruche d’abeilles dont les alvéoles seraient rectangulaires. Le bâtiment est coupé dans toute sa hauteur par de cloisons qui, perpendiculairement, vont du toit jusqu’au sol. Ces cloisons forment ainsi à chaque étage quatre salles distinctes, qui communiquent par une porte ; elles sont à peu près identiques. C’est ainsi que le premier étage est divisé comme le second, comme le troisième et le quatrième comme le troisième.A l’extrémité gauche du bâtiment monte un escalier qui donne accès aux quatre étages.La salle qui exigeait une réparation urgente est la deuxième au quatrième étage.Les travaux devant commencer hier, l’autorité militaire fit évacuer les salles immédiatement au- dessous, c’est-à-dire celles des troisième et deuxième étages, mais ne jugea pas nécessaire de faire évacuer la salle du premier étage, laquelle, comme les deux autres, servait de dortoir commun avec ses 24 lits réglementaires.Hier, à 1 h 30, les ouvriers de l’entreprise Foucachon se mettaient au travail. Avant de refaire le carrelage, il fallait étayer le plancher de la salle. C’est ce que se mirent en demeure d’entreprendre trois maçons terrassiers italiens, les nommés Clero, Metas et Delcosse.Jean Delcosse prit un pic et commença à défoncer le plancher.Tout d’un coup et sans que rien ait pu le faire prévoir, le plancher tout entier céda sous le poids des trois ouvriers. Une crevasse large de 7 mètres et longue de 18 se forma.Cet amas de plâtras tomba sur le plancher du troisième étage, qui céda en deux endroits différents ; deux trous se produisirent : l’un de 10 mètres sur 2 ; l’autre de 4 mètres sur 3. | L’avalanche de pierres, poutres et matériaux dégringola sur le plancher de la salle du second étage, qui s’affaissa lui aussi sur une largeur de 5 mètres et une longueur de 9.Ainsi éventré, le plafond du dortoir où à ce moment reposaient une dizaine de jeunes soldats, laissa passer les plâtras qui recouvrirent les militaires et firent céder le parquet de leur chambre. Une crevasse ovale se produisit, longue de 8 mètres et large de 5.Les lits furent précipités sur le sol, mais, heureusement, ils étaient vides ; les jeunes soldats étaient tous couchés dans des lits entourant la crevasse. L’un des lits occupés resta en équilibre sur le bord du gouffre. Le jeune soldat qui y dormait, M. Courchet, eut juste le temps de sauter à terre et de voir disparaître son matelas.Les secoursIl était 1 h 50.Les officiers allaient regagner le quartier et la population se rendait au travail ; aussi le fracas épouvantable que produisit la catastrophe attire-t-il sur les lieux un grand nombre de personnes.Aux premiers rangs, l’on notait le commandant Bosson, du 24e B.C.A.Les secours s’organisèrent. Les réservistes, qui étaient arrivés le matin même, contribuèrent beaucoup au déblaiement des décombres sous lesquels étaient ensevelis les trois ouvriers italiens, tandis que les camarades des soldats blessés se précipitaient à leur secours. Les ambulances furent alertées. L’hôpital Pasteur, de Nice, avisé, envoya du secours.A Villefranche, la gendarmerie avec MM. Metin et Parisi, se transporta sur les lieux où se trouvait déjà M. Bay, deuxième adjoint au maire de Villefranche, et où ne tardèrent pas à arriver M. Durmet, secrétaire général de la Préfecture, ainsi que le chef du cabinet du Préfet.Des décombres on retire le cadavre de jean Delcosse, l’un des maçons et les deux corps ensanglantés de ses infortunés compagnons, François Metas et Jean Clero qui, après avoir reçu les premiers soins à l’infirmerie de la caserne, furent ensuite dirigés sur Nice à l’Hôpital St-Roch. |
La démolition de la caserne Dubois
(photographies consultables sur le site des archives départementales des Alpes Maritimes)
La caserne et le port, le 5 septembre 1941
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Photographies prises avant la démolition de la caserne le 20 septembre 1941
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Début de la démolition de la caserne, le 1er janvier 1942
Fin de la démolition de la caserne, le 28 septembre 1942